La Cour administrative d’appel de Marseille, dans un arrêt du 9 janvier 2023, rappelle qu’il est difficile pour un entrepreneur de rechercher la responsabilité du maître d’œuvre, et ce même si ce dernier a commis des erreurs de conception /ou de suivi de chantier indéniables.
Dans le cadre d’une opération de réhabilitation de logements, et après apparition de désordres lors de l’exécution des travaux, le titulaire d’un des lots du marché de travaux a saisi le tribunal administratif de Toulon afin d’obtenir la condamnation du maître d’œuvre à l’indemniser des préjudices subis en cours de chantier, qui a rejeté sa demande. Il relève appel du jugement.
Par principe, l’entrepreneur peut rechercher la responsabilité quasi-délictuelle du maître d’œuvre, lorsque celui-ci méconnaît les dispositions législatives et réglementaires, les stipulations contractuelles qui les lient au maître d’ouvrage, ou les règles de l’art (CE, 11 oct. 2021, n°438872).
Il ne faut néanmoins pas oublier que la mise en cause de la responsabilité quasi-délictuelle du maître d’œuvre obéit aux conditions classiques d’engagement de la responsabilité. L’entrepreneur doit, ainsi, démontrer qu’il a subi un dommage, que le maître d’œuvre a commis une faute, et qu’il existe un lien de causalité direct entre le dommage subi et la faute du maître d’œuvre.
En l’espèce, une de ces conditions n’était pas remplie.
En effet, le maître d’œuvre a bien commis une faute en choisissant des modèles de radiateurs et pompes de circulation à installer différents de ceux prescrits par les stipulations contractuelles. Ces erreurs ont conduit l’entrepreneur à devoir réaliser des prestations supplémentaires non intégralement rémunérées au bénéfice du maître d’ouvrage.
Toutefois, la CAA relève que ces travaux supplémentaires ont été réalisés à la demande du maître d’ouvrage, après conclusion de divers avenants avec le titulaire.
Ainsi, quand bien même les fautes commises dans l’exécution de sa mission par le maître d’œuvre ont conduit le titulaire à la réalisation de ces travaux supplémentaires, la demande d’exécution de prestations supplémentaires formulée par maître d’ouvrage rompt le lien de causalité direct nécessaire à l’engagement de la responsabilité du maître d’œuvre.